Aufwühlende Emmanuelle | Troublante Emmanuelle
von Thierry Méranger
Die großartige Filmographie von Emmanuelle Devos zeigt, dass sie aus dem französischen Kino nicht mehr wegzudenken ist. Zwei Césars und ein Molière wurden ihr für ihre Schauspielkunst verliehen, sie wird vom Publikum gleichermaßen wie von den Kritiker*innen und Kolleg*innen hochgeschätzt. Ihre Präsenz, ihre einzigartige Stimme und ihr wunderbares Schweigen auf der Leinwand und auf der Bühne sorgen dafür, dass jeder neue Film mit ihr zu einer Entdeckung wird. Das liegt daran, dass Emmanuelle die perfekte Schauspielerin ist, die sich wunderbar in jede ihrer Rollen, so unterschiedlich sie auch sein mögen, einleben kann. Als sie 1996 in der Zeitschrift Cahiers du cinéma ihre Zugehörigkeit zu einer Schauspielerfamilie kommentierte, sagte sie: »Ich habe mir nie die Frage gestellt, ob ich Schauspielerin werden möchte: Das hat sich einfach so ergeben.«
So ist es auch mit Emmanuelles Kunst. Schnell fiel ihr subtiles Spiel auf, das ohne erkennbare Anstrengung scheint und sich jeder eindeutigen Interpretation ihrer Figuren verweigert. Dies gilt insbesondere in den Filmen Noémie Lvovskys, die Emmanuelle bei ihrem ersten Spielfilm Oublie-moi (1994) begleitet hat. Schon zuvor wurde unter Arnaud Desplechin, mit dem sie La Vie des morts (1991) drehte und dessen Gesicht sie werden sollte, ihr Schauspiel zur Offenbarung.
In sechs weiteren Filmen, darunter Comment je me suis disputé – Mein Sexleben (1996), Rois et Reines (2004) und Un conte de Noël (2008) arbeiteten sie zusammen. In jedem dieser Filme spielte sie mit Mathieu Amalric, der sich zu einem der großen Stars seiner Zeit entwickelte.
Das Traumpaar des französischen Kinos war 2014 mit dem auf der Berlinale gezeigten Film Arrête ou je continue zu sehen. Die große Sophie Fillières inszenierte den Film, der den Anfang einer Freundschaftsgeschichte zwischen einer Filmemacherin und einer Schauspielerin andeutet. Zusammen gearbeitet haben Sophie Fillières und Emmanuelle Devos schon früher bei Aïe (2000) und Gentille (2005).
Inzwischen ist die Schauspielerin mit ihren preisgekrönten Arbeiten zu einer Ikone geworden und feiert unter anderen in Jacques Audiards Sur mes lèvres (2001) und in einer Nebenrolle in Xavier Giannolis À l’origine (2009) einen Triumph nach dem anderen. In Martin Provosts Violette Leduc (2013) verkörpert sie die Schriftstellerin Violette Leduc auf eindringliche Weise.
Anerkannt von den Größen des französischen Kinos drehte Emmauelle Devos mit Amos Gitaï, Alain Resnais oder Marco Bellocchio. 2021 glänzte sie in der Mini-Serie Les Hautes herbes unter der Regie ihres Kollegen Jérôme Bonnell, mit dem sie bereits J’attends quelqu’un (2007) und den bezaubernden Film Le Temps de l’aventure (2013) drehte.
2023 ist das Jahr ihrer großen Rückkehr auf die größten Filmfestivals der Welt: aufwühlend in San Sebastián in Un silence (Joachim Lafosse), wie auch in Venedig in L’Homme d’argile, dem erstaunlichen Debütfilm von Anaïs Tellenne. Darin spielt sie Garance, eine unkonventionelle Künstlerin, deren Prinzip lautet: »Ich gehe, wohin ich will.« Besser kann man es nicht ausdrücken.
C’est une présence rayonnante et indispensable au cinéma français que révèle la magnifique filmographie d’Emmanuelle Devos, qui est aujourd’hui l’une des actrices les plus appréciées du public, de la critique et de ses pairs. Si deux Césars et un Molière ont consacré la reconnaissance d’un formidable talent, à l’écran comme sur scène, sa silhouette familière, son timbre de voix unique et ses silences magnifiques réservent à chaque nouveau film le plaisir d’une reconnaissance et l’étonnement d’une découverte. Sans doute parce que, se fondant à merveille dans chacun de ses rôles, pourtant très divers, Emmanuelle est l’incarnation parfaite de l’actrice-née. Ne déclarait-elle pas aux Cahiers du cinéma en 1996, commentant sa naissance dans une famille de comédiens : « Jamais je ne me suis dit : J’ai envie d’être actrice ; ça s’est imposé comme ça. » ?
Il en va ainsi de l’art d’Emmanuelle qui, sans effort apparent, a été vite remarquée pour la rare subtilité de son jeu, refusant dès ses premières apparitions au cinéma toute interprétation univoque de ses personnages. C’est le cas en particulier dans les films de Noémie Lvovsky qu’elle accompagne, après deux courts métrages, dans son premier long métrage Oublie-moi (1994). Mais c’est avec Arnaud Desplechin, pour lequel elle a tourné dès La Vie des morts (1991) et dont elle va devenir l’égérie, que la révélation va se produire. Une collaboration se développe sur six autres films, parmi lesquels Comment je me suis disputé… (ma vie sexuelle) (1996), Rois et Reines (2004) et Un conte de Noël (2008). Chacun de ces films la voit faire équipe avec Mathieu Amalric, qui devient lui-même parallèlement le comédien phare de sa génération. Ce tandem rêvé du cinéma français se retrouvera une nouvelle fois en haut de l’affiche en 2014, avec le décapant Arrête ou je continue, présenté à la Berlinale. Cette fois-ci, c’est la grande Sophie Fillières qui met en scène le couple. Il s’agit une fois de plus d’une histoire de fidélité et d’amitié créatrice entre cinéaste et actrice : Sophie et Emmanuelle ont déjà travaillé ensemble à l’occasion de Aïe (2000) et de Gentille (2005). L’actrice, entre-temps, a enchaîné les performances emblématiques et primées, triomphant entre autres avec Sur mes lèvres de Jacques Audiard (2001) et, dans un second rôle, avec À l’origine de Xavier Giannoli (2009). Incroyable incarnation de l’écrivaine Violette Leduc dans Violette de Martin Provost (2013), Emmanuelle, reconnue par les plus grands, tourne aussi pour Amos Gitaï, Alain Resnais ou encore Marco Bellocchio. L’année 2021 la voit exceller dans la mini-série Les Hautes Herbes, dirigée par son complice Jérôme Bonnell, avec lequel elle a déjà tourné J’attends quelqu’un (2007) et l’envoûtant Le Temps de l’aventure (2013). Mais c’est l’année 2023 qui est celle de son grand retour dans les plus grands festivals mondiaux, aussi troublante à San Sebastián dans Un silence de Joachim Lafosse qu’à Venise dans L’Homme d’argile, étonnant premier film d’Anaïs Tellenne où elle incarne le rôle de Garance, artiste peu conventionnelle dont la devise est « Je vais où je veux ». On ne saurait mieux dire.
Masterclass mit Emanuelle Devos:
Fr 03 | 21.45
